Le progrès – Le courrier Samedi 9 avril 2005

Michel Loaëc

Le PDG-chercheur

Michel Loaec a la cinquantaine bien assise. A l’heure où de nombreux professionnels de l’agroéquipement voient fondre leurs marchés, Anavelec, l’entreprise qu’il dirige à Sainte-Sève, tient bon la barre. Il observe: « On a toujours fonctionné à contre-courant du mouvement général …. Quand mes concurrents ont  foncé pour se développer, j’ai pris le parti de conserver la même taille, stabilisée à 18 salariés depuis de nombreuses années. J’étais alors très engagé dans des démarches de recherche-développement un peu trop peut-être mais je ne regrette pas, cela m’a donné du recul et fourni des pistes d’innovation pour plusieurs années…»

D’AUTRES DOMAINES D’INTERVENTION

Armé de son BTS électrotechnique et de ses premières expériences,il s’installe en 78 comme artisan réparateur d’équipements électriques en milieu rural, avec «ma femme, mon vélo et ma 2Cv…» Très vite, la spécialisation en ventilation-régulation de bâtiments d’élevage se précise.

Ce sera -c’est toujours -le pivot de l’activité. En parallèle, il développe d’autres domaines d’intervention: alimentation électrique (groupes électrogènes), ventilation centralisée, traitement des effluents (notamment lisiers), machines à traire, serres, systèmes de pompage d’eau pour alimenter élevages et pépinières, gestion de l’énergie pour les maisons de retraite…

Le produit phare actuel est un dispositif qui permet de récupérer la chaleur produite en bâtiment d’élevage tout en améliorant l’oxygénation des animaux. Le virage vers l’environnement et les économies d’énergie est confirmé.
« J’ai déjà équipé dix exploitations en Bretagne. L’installation permet de récupérer 130 Kilo Watts/heure pour un élevage de 5 000 porcelets, par exemple,… c’est appréciable dans un contexte tendu.»

EFFERVESCENCE

L’innovation joue un rôle moteur dans l’offre d’Anavelec, qui étudie et conçoit ses prototypes, puis les réalise ou les sous-traite, enfin installe et surveille. le plus souvent en télémaintenance. Aucune réponse n’est stéréotypée. Cette attitude a apporté à l’entreprise sa première vague de succès – chiffre d’affaires « multiplié par 65 en 15 ans » – et constitution de réserves substantielles, affectées à la recherche-développement. En 93 et 94, Anavelec lance deux thèses de doctorat, l’une SUr la contamination bactérienne de l’air,l’autre sur la modélisation des facteurs d’ambiance en milieu porcin. Les ingénieurs-doctorants resteront plus de cinq ans aux côtés de Michel Loaec. À cette occasion, il fait construire un local d’expérimentation et de mesures sur site, régulièrement utilisé; on y travaille actuellement sur le thème de la désodorisation. Le PDG ira jusqu’à reprendre ses études, à 40 ans, pour se former à la zootechnique.

Cette effervescence ne manque pas de séduire les scientifiques … et de susciter de dangereuses curiosités. « Avec les pratiques de la veille technologique, le travail de deux ou trois années de recherche peut être piraté en un rien de temps.»

Michel Loaec s’est donc fait plus discret, perd moins de temps à courir les aides publiques ou à constituer de volumineux dossiers de dépôt de brevet. Le vrai bénéfice est peut-être ailleurs: « Cette recherche intensive m’a permis de renouveler et d’enrichir mes approches »; elles mixent analyses scientifiques et observations du réel: «Je visite quelque 300 élevages par an ; cela me renseigne immédiatement sur l’état de santé des bêtes; nous travaillons sur du vivant … » Une manière de prendre appui sur ses racines familiales, agricoles, pour mieux découvrir les solutions d’avenir. La formule est payante: le CA frise les deux millions d’euros.

G.G
Le Progrès – Le courrier

Samedi 9 avril 2005